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La prise de décision : aspects théoriques, neuro-anatomie et évaluation
Auteur(s)
- P Allain
Référence
La prise de décision : aspects théoriques, neuro-anatomie et évaluation. Revue de Neuropsychologie. 5(2) : 68-81. 2013Domaines de recherche appliquée
Thématiques
Incapacités
Zones géographiques
Résumé de l'auteur
Prendre des décisions allant dans le sens de nos intérêts propres ou de ceux de nos proches constitue une faculté complexe, indispensable à l’adaptation et à l’autonomie. Nous exerçons quotidiennement cette faculté dans de nombreux domaines de la vie quotidienne, tels ceux des finances, des soins, de l’habitat ou encore du travail. Dans cet article, nous proposons une synthèse des connaissances sur la prise de décision reposant, pour une large part, sur les travaux récents effectués dans le domaine. Après quelques rappels conceptuels brefs s’appuyant essentiellement sur des travaux de psychologie cognitive, nous nous arrêtons sur les apports des neurosciences à notre compréhension des mécanismes de prise de décision. L’accent est mis sur le rôle de la cognition et des émotions dans la prise de décision, sur les structures cérébrales impliquées dans la prise de décision, ainsi que sur les paradigmes d’évaluation de la prise de décision accessibles. Nous espérons que cette synthèse apportera un éclairage utile sur un domaine encore très peu exploré en neuropsychologie humaine.
Commentaire du Centre Ressources
Il s’agit d’une revue de littérature sur les données concernant la prise de décision. La prise de décision correspond au fait d’effectuer un choix entre plusieurs modalités d’actions possibles lors de la confrontation à un problème, le but étant de résoudre le problème en traduisant le choix fait en un comportement. La décomposition du processus de décision peut se faire en 5 étapes: i) la définition de l’objet de la décision, ii) la recherche, l’analyse et l’organisation des informations utiles, iii) l’élaboration et l’évaluation d’hypothèses de décisions en s'appuyant sur des connaissances et/ou des expériences antérieures, iv) le choix d’une hypothèse de décision et v) sa mise en œuvre.
Dans ce contexte, les auteurs ont identifié trois types de prise de décision: les situations de décision sous certitude, sous incertitude (ou ambigüité) et à risque. Cette étude a également permis de préciser les zones cérébrales ainsi que les processus cognitifs impliqués dans ces trois types de prise de décision. Tout d'abord, il faut retenir que nous ne décidons pas uniquement grâce à nos aptitudes cognitives, exécutives en particulier, et que les processus émotionnels sont parfois plus déterminants dans les décisions. En d’autres termes, prendre une décision implique la réactivation d’un état émotionnel antérieur qui s’est formé lors d’une précédente confrontation à cette situation. Par ailleurs, les études en neuroimagerie ont permis de montrer que la prise de décision implique un vaste réseau cérébral incluant le cortex orbitofrontal, le cortex cingulaire antérieur, le cortex préfrontal dorsolatéral, le thalamus, le cortex pariétal et le noyau caudé. De plus, il ne faut pas oublier que l’attention, la mémoire de travail ou encore la motivation peuvent être impliquées, à des degrés divers, tout au long du processus. Enfin, le dernier axe de réflexion de cette revue concerne le moyen d'évaluer la prise de décision. Seulement 3 tests permettent cette évaluation et s'appuient sur les capacités à réaliser des calculs mathématiques plus ou moins complexes : la Iowa Gambling Task, la Cambridge Gamble Task et la Game of Dice Task.
Cette synthèse de la littérature montre donc que les mécanismes et les régions cérébrales concernés par la prise de décision sont multiples et assez bien connus aujourd’hui mais beaucoup d’incertitudes demeurent autour des tests permettant d’en appréhender le fonctionnement. En effet, ceux-ci sont peu nombreux, parfois imprécis quant aux processus décisionnels qu’ils évaluent, très peu normés en langue française et assez incertains quant à l'évaluation d'un éventuel dysfonctionnement du processus. Un important travail de recherche reste donc à faire afin d’invalider, valider ou affiner les propositions théoriques, en complément d’un travail clinique permettant de mieux cerner les difficultés des personnes ayant des difficultés dans la prise de décision et de promouvoir ainsi l’autonomie au quotidien.